2. Estime de soi

J’ai de la gratitude pour Tal Ben-Shahar qui m’a fait connaître les recherches du psychologue Nathaniel Branden, spécialiste mondial du concept d’estime de soi. Ce bref ouvrage paru en anglais sous le titre The Power of Self-Esteem en 1992 démontre combien la vraie estime de soi est une expérience intime qui réside au coeur de notre être. Dans ce sens, l’estime de soi n’est nullement ce que les autres pensent de nous. J’ai trouvé le passage suivant particulièrement inspirant :

La fierté authentique (p. 87-89)

Si l’estime de soi relève de la connaissance de notre compétence et de notre valeur fondamentales, la fierté relève du plaisir plus explicitement conscient que nous tirons de nous-mêmes à cause de nos actions et de nos réalisations. L’estime de soi regarde ce qu’il y a à faire et dit “je peux”. La fierté contemple ce qui a été accompli et dit “je l’ai fait”.

La fierté authentique n’a rien à voir avec la vantardise, les fanfaronnades ou l’arrogance. Elle provient d’une racine opposée. Sa source n’est pas le vide, mais la satisfaction. Elle n’est pas là pour “prouver”, mais pour en tirer plaisir.

La fierté est la récompense émotionnelle de l’accomplissement. Ce n’est pas un vice à dominer, mais une valeur à atteindre. La réalisation entraîne-t-elle toujours la fierté? Pas nécessairement, comme le démontre l’histoire suivante.

Le chef d’une moyenne entreprise m’a consulté parce que, disait-il, même s’il avait très bien réussi en affaires, il était déprimé et malheureux sans pouvoir comprendre pourquoi. Nous avons découvert qu’il avait toujours voulu être un chercheur scientifique, mais qu’il avait abandonné ce désir par respect de ses parents, qui le poussaient vers une carrière dans les affaires. Non seulement était-il incapable de ressentir plus que la fierté la plus superficielle pour ses réalisations, mais il était blessé dans son estime de soi.

La raison n’était pas difficile à trouver. Devant l’enjeu le plus important de sa vie, il avait cédé son esprit et ses valeurs aux désirs des autres, en raison du désir d’être aimé et d’appartenir. Évidemment, un problème d’estime de soi antérieur avait motivé cette capitulation.

Sa dépression reflétait une vie passée à faire bonne figure en ignorant ses besoins les plus profonds. Tant qu’il agissait dans ce cadre, la fierté et la satisfaction lui était inaccessibles. Aucune solution n’était possible tant qu’il ne serait pas prêt à remettre en question ce cadre et à faire face à la peur de le faire.

Il importe de comprendre ce point parce que nous entendons parfois les gens dire : “J’ai accompli tant de choses. Pourquoi je ne me sens pas plus fier de moi ?” Même s’il y a plusieurs raisons pour lesquelles quelqu’un pourrait ne pas profiter de ses réalisations, il peut être utile de demander : Qui a choisi vos objectifs ? Vous – ou la voix intérieure d’un certain être cher ? Ni la fierté, ni l’estime de soi ne peuvent être soutenues par la poursuite de valeurs de seconde main qui ne reflètent pas qui nous sommes vraiment.

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